© Yannick Ribrioux
Cher, rouères et puits
 

Dès l'époque gauloise, le Cher, rivière d'une assez grande régularité, fut certainement utilisé pour la navigation fluviale de préférence aux chemins peu carrossables.
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Les traces gallo-romaines de Mareuil font penser que le village dut toutefois connaître à la fois le passage de voyageurs et marchands qui rejoignaient le centre économique de Tasciaca (Thésée), en passant probablement par un gué au niveau de Pouillé, et celui des bateaux à fond plat, seuls capables de naviguer sur le Cher.

Tout laisse penser que la traversée de la rivière à gué au niveau de Mareuil était plus difficile à entreprendre et qu'elle nécessitait les services d'un passeur.
Du reste, en 1646, François de Beauvillier, seigneur de St-Aignan, déclare que le port et le droit de passage en bateau à Mareuil lui appartiennent, droits ré exprimés par Paul de Beauvillier en 1699 ; en revanche, en 1646, Pierre des Bans, sieur de Mareuil, jouit du droit de pêche dans le Cher.
A défaut d'avoir un hypothétique pont à Mareuil, l'activité d'un bac se poursuit jusqu'au début du XXe siècle malgré quelques tergiversations du Conseil municipal à la fin du XIXe siècle.
Décidément voué à être traversé en barque, le Cher voit réapparaître de nouveaux passeurs en 1940, officieux ceux-là.
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Bien avant la mise en place d'un réseau routier praticable et surtout avant l'apparition du réseau ferré, il est décidé d'aménager la portion du Cher comprise entre St-Aignan et Tours, dans le prolongement du canal de Berry, afin de faciliter la circulation des produits agricoles et industriels de la région. Pour réguler la rivière et franchir les 20 mètres de dénivellation, 15 barrages sont réalisés par l'entreprise OJAM de Montrichard de 1836 à 1841, dont 8 en Loir-et-Cher, espacés de 4 à 5 km. Mareuil se voit dotée de deux barrages : la Méchinière en amont et le Talufiau en aval ; compte tenu des moyens de l'époque, on peut imaginer l'importance de ces travaux conduits en un temps record, avec, malheureusement, son lot d'accidents (5 morts à la Méchinière le 22 septembre 1837).
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L'étroitesse des écluses du canal de Berry, inadaptées à la navigation moderne, ne permet pas un trafic important sur la totalité du trajet de Tours à Vierzon. Concurrencée par les nouveaux moyens de transports, la partie canalisée du Cher est rayée de la nomenclature des voies navigables en 1957. La navigation commerciale est donc abandonnée et, avec elle, disparaissent progressivement quelques métiers tels ceux du dragage.
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Même si le Cher ne connaît pas les fureurs de la Loire, des crues envahissent régulièrement la large vallée, sans toutefois causer de graves dommages à Mareuil, l'homme ayant su s'établir aux limites des zones inondées. Quelques grandes crues ont malgré tout marqué les esprits : 1608, 1743, 1770 ou 1790, 1856 qui fut la seule à inonder les toutes nouvelles maisons éclusières de la Méchinière et du Talufiau sous 30 cm d'eau, 1910, 1940 et, plus récemment, 1977 et 2001.
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L'activité humaine s'est aussi développée autour de tous les autres points d'eau, que ce soient près des ruisseaux, les "rouères", qui descendent du plateau, ou autour des puits individuels ou communs.
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  Les moulins à eaux furent nombreux à utiliser l'énergie de ces rouères. Tous ont disparu mais les toponymes attestent de leur existence passée : Moulins Blancs, Moulins Rouges, Moulin Feuillet, Petit Moulin, Moulin Covier, Moulin de Mesnes, Moulin Civière. En 1646, Pierre des Bans tient déjà le Moulin Civière, seul moulin resté en activité jusqu'à la fin des années 1930 et malheureusement détruit il y a quelques années.
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Et avant même que des puits soient creusés, les nombreuses sources, nées ici ou là de résurgences dans les coteaux calcaires, ont rassemblé les hommes, sans parler des indispensables lavoirs, tels ceux de Mesnes ou du cimetière, hauts lieux de "confidences" des lavandières.
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Pour satisfaire ses besoins en eau, l'homme n'a cessé de développer son imagination. Les techniques nées au cours du XIXe siècle en sont la preuve : ce furent, au château de Mesnes et au château de Bas-Guéret, les éoliennes (aujourd'hui démontées) et, aux Béluets, un bélier hydraulique dont on peut encore voir les ruines du bâtiment.

lien avec la collection de cartes postales du Cher .