© Yannick Ribrioux
Vignes et vignerons
 

Les vestiges datés du IIe siècle et trouvés à Thésée-Pouillé paraissent confirmer une implantation précoce de la vigne dans la région et même son maintien malgré les destructions de la moitié des vignes gauloises préconisées par Domitien en 92. Les premiers écrits faisant état de vignes dans la vallée du Cher datent de l'époque de St-Martin (314-395).
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Le pouvoir religieux du Moyen Age s'intéresse très tôt à cette culture de bon rapport. Les premières traces écrites de la présence de vignes à Mareuil apparaissent justement dans un registre terrier de la chapelle de Linière en 1450. Au fur et à mesure des défrichages, la vigne gagne les coteaux et le plateau de Mareuil.
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Au XVIe siècle, la Cour s'installe dans les nouveaux châteaux de la Loire et les vins de la vallée du Cher y sont appréciés. Mais, au XVIIe siècle, un nouveau plant à fort rendement, le gros noir, se généralise et la qualité en pâtit. Ces vins, appelés "vins pour Paris", et transportés par voie fluviale, sont en grande partie transformés en alcool.
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Le XVIIIe siècle est celui des réglementations destinées à la fois à la protection des vignerons et à la sauvegarde la qualité des vendanges (gardes, ban des vendanges, etc...), et des droits sur le vins, mal supportés à la veille de la Révolution.
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Les premières statistiques apparaissent au début du XIXe siècle et les données rapportées par la mairie de Montrichard montrent que le Caux (Cot), ou Cahors, était très répandu dans la région. Les plantations s'accélèrent tout au long du siècle mais les récoltes sont irrégulières ; le gel, tout d'abord, rend vain tout espoir de récolte une année sur cinq, l'apparition de maladies est un véritable désastre : l'oïdium vers 1850, puis le mildiou au début des années 1880 et surtout le phylloxéra, apparu à Mareuil vers 1883. Plus que jamais on fait face aux difficultés grâce à l'esprit d'entraide entre petits vignerons.
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Après la crise du phylloxéra, les vignes, autrefois reproduites par provignage (sorte de marcottage) et conduites sur des échalas, sont replantées en hybrides ou sur des porte-greffes plus résistants. Les vignerons en profitent pour modifier le mode de conduite de la culture : le palissage apparaît, on replante les vignes en rang pour les travailler avec les mulets ou chevaux, on traite contre les maladies nouvellement apparues (la bouillie bordelaise est découverte en 1882 chez un des frères d'Arthur Johnston, propriétaire de Mesnes), on rentabilise la journée de travail en restant sur place toute la journée, parfois loin de l'exploitation.
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En ce début de XXe siècle, la surproduction est générale ; l'augmentation des rendements compense largement la diminution des surfaces. Les vignerons de Mareuil utilisent pleinement le privilège de fabrication d'alcool que Napoléon avait attribué à leurs ancêtres et, pour se libérer des contraintes de l'alambic ambulant, ils font l'acquisition d'un alambic propre à leur coopérative.
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Les problèmes des viticulteurs mobilisent les Politiques, lorsqu'ils veulent se faire élire. Pierre Tassin, député sortant en 1889, harangue les vignerons : "c'est vous qui avez fait la République ; c'est vous qui la conserverez !". En 1906, Constant Ragot, maire de St-Aignan, promet de "prendre des mesures pour faire face à la mévente des vins". Les petits vignerons se rangent volontiers dans le camp des républicains.
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Le salut ne peut toutefois venir que de la qualité. De 1919 à 1935, la notion d'Appellation d'Origine Contrôlée se met en place. Dès les années 1960, les vignerons arrachent les hybrides, plantent du Chenin pour répondre à la demande pour la champagnisation, puis l'évolution commerciale aidant, le remplace par le Sauvignon ; c'est actuellement le cépage blanc le plus cultivé à Mareuil.
Résolument installé dans une politique de qualité, le vignoble de la commune compte aujourd'hui 95 % de ses surfaces en A.O.C. Touraine.

lien avec la collection de cartes postales des caves

lien avec la collection de cartes postales de la Roche Blanche.